Ce chapitre concerne létude de systèmes volontairement instables et dont le comportement est oscillatoire. Ils constituent les oscillateurs quasi sinusoïdaux qui fournissent une grandeur électrique dont lamplitude oscille périodiquement dans le temps, en labsence de toute excitation dentrée. Le système oscillant est le plus souvent fortement non linéaire : une méthode détude de systèmes non linéaires est présentée.
Un composant est non linéaire si son équation fonctionnelle est elle-même non linéaire :
Une résistance, dont léquation
fonctionnelle
est linéaire, est un composant linéaire. Si cependant
léquation fonctionnelle fait intervenir la puissance
troisième du courant :
ce composant nest alors pas linéaire (quelle est la
dimension de r ?).
La diode est un composant fortement non linéaire : son équation fonctionnelle nest pas représentée par une droite dans le plan [v,i].
La méthode détude que nous adoptons ici est simple : nous chercherons à linéariser le ou les composants non linéaires, ce qui est fait habituellement dans lapproximation des petits signaux.
La résistance ci-dessus est linéarisée et
représentée par le composant linéaire déquation
tant que le terme non linéaire
peut être négligé devant le terme linéaire
,
cest à dire tant que le courant i (et donc la tension v)
est suffisamment petit :
On retrouve ici lapproximation habituelle des petits signaux.
La diode peut être représentée lorsquelle est bloquée par une résistance de forte valeur. Lorsquelle est polarisée en direct, elle peut être représentée par une résistance en série avec une source de tension. On a donc dans cet exemple aussi linéarisé le composant, après avoir identifié deux domaines de fonctionnement différents (diode en inverse, diode en direct). Une linéarisation différente, donc un schéma équivalent différent, sapplique dans chacun des deux domaines.
Cest un dipôle, caractérisé par une relation donnant le courant entrant en fonction de la tension à ses bornes :
indépendante du temps (c'est donc un dipôle résistif),
dont la courbe représentative présente une portion de pente est négative. Cette portion est équivalente à la caractéristique dune résistance (éventuellement en série avec une source) mais dont la valeur est négative.
Dipôle en N
Dipôle en S
La diode tunnel présente une caractéristique de ce type (en N). On peut également faire la synthèse dun tel dipôle, en utilisant par exemple un convertisseur négatif dimmittance (INIC) et en imposant une non linéarité :
Un dipôle en S
Lorsque la sortie de lamplificateur natteint pas les tensions Zener (supposées symétriques +vz et vz), le montage se comporte comme un dipôle dont la caractéristique i(v) est une droite de pente négative égale à -1/r (résistance négative).
Lorsque lun ou lautre des seuils Zener est atteint, la sortie de lamplificateur est fixée à lune des valeurs +vz eou vz et le dipôle est équivalent à la source +vz ou vz en série avec la résistance R (pente 1/R).
La caractéristique globale est en S.
Lobjectif de ce chapitre est de concevoir et étudier les propriétés de systèmes réactifs instables dans lesquels une oscillation quasi sinusoïdale apparaît spontanément. Son amplitude est croissante (exponentiellement) tant que le système reste dans le domaine de lapproximation des petits signaux à lintérieur duquel il a été conçu. Lorsque lamplitude de loscillation devient assez importante pour que des non linéarité apparaissent, il est possible que lamplitude de loscillation tende vers une valeur stable. On a alors fabriqué un oscillateur quasi sinusoïdal.
Nous étudierons ces dispositifs dans les deux cas limites :
dans lapproximation des petits signaux, qui est lapproximation habituelle. Il est alors possible de prévoir leur instabilité et leur comportement vis à vis dune impulsion de bruit,
dans son régime stabilisé, en supposant qu'il en existe un. Dans ce régime, lamplitude de loscillation est constante. Cette étude sera faite en linéarisant le dispositif autour de son point de fonctionnement dans lapproximation dite du premier harmonique.
L'étude du démarrage est lapplication directe de létude de la stabilité des systèmes du chapitre précédent. Sur un circuit donné, on va rechercher les conditions qui
le rendent instable : il existe des pôles à partie réelle positive,
provoquent un comportement oscillatoire (et non pas une croissance exponentielle monotone vers la tension de saturation) : il doit donc exister au moins deux pôles complexes conjugués à partie réelle positive.
Nous envisagerons deux démarche :
le calcul direct des propriétés des pôles, lorsque cest possible,
létude des propriétés des pôles par la méthode de Nyquist.
Si on met la fonction de transfert (ou l'immittance) sous la forme
dune fraction de deux polynômes en p (variable de
Laplace) N(p) et D(p) et si le dénominateur D(p) nest
pas de degré trop élevé ou possède une
forme que lon peut traiter analytiquement, il suffit alors
détudier les zéros de D(p) puisque ce sont les
pôles de la fonction de transfert. Il faut donc résoudre
léquation
On a alors à résoudre une équation du deuxième degré.
Dans ce cas, il y aura deux racines complexes conjuguées à partie réelle positive si :
le déterminant de léquation du deuxième degré est négatif (racines complexes),
la somme des racines, qui vaut deux fois leur partie réelle est positive.
Si les pôles sont complexes conjugués mais à
partie réelle nulle (ils sont alors de la forme
),
le comportement sera oscillatoire, mais d'amplitude constante
(lenveloppe de loscillation qui apparaît en réponse
à une impulsion de bruit est constante). Cette condition est
obtenue en écrivant léquation
ci-dessus et en imposant en plus que les solutions sont de la forme
.
Cette équation sécrit donc :
Cest lexpression du critère de Barkhausen.
Cette équation est une équation complexe, qui
recouvre deux équations : il faut annuler la partie
réelle et la partie imaginaire de
:
Cest un dipôle constitué de la mise en parallèle dune résistance négative et dun circuit résonnant RLC
Oscillateur de Van der Pol
Puisquon est dans lapproximation linéaire des petits signaux, le dipôle à résistance négative est représenté par une résistance de valeur négative r et on peut se placer dans le domaine de Laplace.
Puisque le montage est un dipôle, il est caractérisé
par une immittance. On cherche à établir les conditions
pour lesquelles une tension oscillatoire v prend naissance aux bornes
du circuit, en labsence de courant extérieur appliqué
i. On calcule donc limpédance .
Le courant i est la somme des courants passant dans chacun des 4 composants en parallèle :
On a posé G=1/R, g=1/r
et on a donc :
Il faut alors étudier les zéros du dénominateur
de cette impédance, solutions de léquation du
deuxième degré en p :
.
Le critère de Barkhausen sécrit dans ce cas :
,
équation équivalente au système de deux
équations :
qui donnent la pulsation de loscillation damplitude constante qui prend naissance en réponse à une impulsion de bruit et la condition sur g et G pour que lon soit dans cette condition limite.
On aura des pôles complexes conjugués si le déterminant de cette équation du deuxième degré en p est négatif :
La partie réelle de ces pôles sera positive ou nulle si la somme des racines est positive ou nulle :
Ces deux conditions imposent que g soit à lintérieur du domaine :
Pour une valeur donnée de g à lintérieur
de ce domaine, la partie imaginaire des pôles, qui donne la
pseudo pulsation de loscillation damplitude croissante
qui prend naissance, est donnée par le module du déterminant
divisé par 2 :
On retrouve bien les résultats donnés à la
limite g=G par le critère de Barkhausen.
Puisquon linéarise le système dans la limite des petits signaux, on est dans les conditions où la méthode de Nyquist a été établie dans le chapitre précédent. On peut donc lappliquer directement pour étudier linstabilité du montage. Il est cependant plus difficile dans le cas général de prévoir le type dinstabilité (oscillation ou saturation ?).
Habituellement, on représente le lieu du gain en boucle ouverte Gbo(p) lorsque la variable complexe p parcourt le contour de Browich (lieu de Nyquist), puis on étudie la position du point critique de coordonnées -1 et 0 par rapport à ce lieu.
Il est pratique, pour les applications liées aux oscillateurs, de mettre le gain en boucle ouverte sous la forme dun produit de deux facteurs dont lun contient la dépendance en p et lautre, indépendant de p, dépend en général du gain du montage :
puis de tracer le lieu de Nyquist de B(p). Il faut alors étudier
ce nouveau lieu, déduit du précédent par une
homothétie, par rapport à un nouveau point critique qui
se déduit du précédent par la même
homothétie : cest le point critique
.
Une modification des paramètres de gain du montage se traduit
alors simplement par un déplacement du point critique, sans
quil soit nécessaire de retracer le lieu de Nyquist.
On suppose que lon a pu exploiter pleinement la méthode de Nyquist, cest à dire que lon connaît le nombre de pôles à partie réelle positive.
Si le nombre de pôles à partie réelle positive (pprp) est impair, il y a forcément au moins 1 pprp réel. Cette situation nest pas favorable au démarrage certain dune oscillation.
Si le nombre de pprp est pair, ce sont peut-être tous des paires de pôles complexes conjugués, mais il est possible quil y ai des paires de pôles réels (de valeur différente). Dans tous les cas la situation nest pas favorable au démarrage dune oscillation : plusieurs oscillations peuvent démarrer de façon concurrente dans le premier cas, le second cas est comparable au cas impair ci-dessus. Il faut donc se placer (si cest possible) dans des conditions qui produisent une seule paire de pprp dont la position dans le plan complexe détermine les conditions de démarrage..
Si le nombre de pprp est égal à 2 (cas recommandé ci-dessus), peut-on savoir sils sont complexes conjugués ou réel ?
Si le lieu de B(p) tourne deux fois autour du point critique
et que les deux tours se croisent sur laxe réel, on peut
prévoir quen modifiant la valeur de A (supposée
réelle) on fait sortir le point critique des deux tours en
même temps. Les deux pôles ont donc même partie
réelle. Il peut donc sagir de deux pôles complexes
conjugués ou dun pôle réel double.
Cest un oscillateur constitué dune réaction sélective autour dun amplificateur de tension.
Oscillateur de Robinson
Le gain en boucle ouverte est facilement calculé en remarquant que la chaîne d'action (gain k) et la chaîne de réaction (pont diviseur constitué par R0 et le circuit résonant parallèle) sont facilement identifiables. Il faut cependant faire attention au signe.
Le gain du pont diviseur est :
où Z est limpédance du circuit bouchon et Y son
admittance (gain du pont diviseur). Le gain en boucle ouverte est
donc (attention au signe) :
On peut alors poser dans les notations précédentes
:A = k et
.
Le calcul de Y(p) donne alors :
Dont le lieu (vérifiez le) est constitué de deux boucles superposées croisant laxe horizontal :
en 0 (pour )
et
en
(pour
)
Le montage aura donc deux pôles ou aucun pôle à
partie réelle positive selon que le point critique
est ou non à lintérieur de cette boucle.
Il est à lintérieur (ou à la limite)
pour